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Tout est image !

Nous arrivons une fois de plus, à la fin d’une longue année et nous pourrons peut-être déposer notre baluchon quelques instants, faire un bilan avant de nous détendre et nous affairer ensuite à quelques festivités ou voyages.

A moins de choisir la solitude ou bien partir à l’autre bout du monde pour ne pas jouer le jeu des rituels festifs de fin d’année, nous sommes bien souvent aspirés dans le tourbillon du groupe social auquel nous appartenons, plus ou moins malgré nous, et soit, par plaisir pour soi-même, soit pour faire plaisir à ceux qui prendront plaisir à nous croire partie prenante du jeu, nous jouons le jeu.

R. Tagore disait :
« S’il faut vraiment n’aller voir que ceux qui trouvent que nous en valons la peine, nous passerions nos journées dans la solitude. »

Ainsi donc, nous allons nous ouvrir aux autres… Et si vous n’avez pas été suffisamment rempli des personnes que vous seul estimez, ou n’êtes pas vous-même suffisamment rempli de votre richesse intérieure, peut-être que la seule ouverture aux autres, ceux non désirés, non espérés, voire des étrangers, œuvrera en vous la plénitude du lâcher-prise et de l’acceptation du jeu fantasmagorique du monde auquel vous participez.

Chaque aube est un renouveau plein d’espoir de réalisations et de possibles. La liberté intérieure viendra en vous si vous nourrissez à chaque instant, cette ouverture à ce qui est. La vie vous demande d’être fluide et les exigences égotiques sont des vrais combats qui font barrage à cette fluidité.

Si le bilan de fin d’année est plus ou moins positif pour chacun d’entre-vous, lorsqu’il ne l’est pas pleinement, voire carrément catastrophique, c’est le moment de faire vibrer en vous l’allégorie du Phœnix qui renait de ses cendres.
L’oiseau mythique, doté d’une grande longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître soit de son propre cadavre, soit après s’être consumé dans les flammes, symbolise ainsi le cycle de mort et de résurrection.
Selon sa mythologie, il n’existe qu’un seul Phœnix à la fois, vivant de cinq cents ans à des milliers d’années et se reproduisant lui-même à l’identique. Sentant sa fin venir, il construit alors un nid fait d’aromates, de cannelle, d’encens et autres ingrédients et s’y blottit pour s’y consumer. De ses cendres renaîtra un oisillon. Dans la tradition la plus ancienne, il y renaît de son cadavre.

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L’oiseau mythique est fondamentalement de nature transcendantale.

Avec le cygne Haṃsa हंस, l’oiseau rare qui vole vers les contrées où l’homme ordinaire ne va jamais – à savoir vers les états modifiés de conscience et si chers aux pratiquants du kriyā yoga क्रिया योग - le Phoenix, est l’autre symbole du processus de la transcendance.
Nous pourrions y rajouter le troisième oiseau inhérent à la tradition indienne qu’est le Paon Mayūra मयूर symbole de la grâce, de la joie, de la beauté et de l’amour mais surtout d’un point de vue métaphysique, de l’immortalité.

Ces trois symboles spirituels font référence à ce qui vole, ce qui s’élève.
Ils ont tous cette aptitude au dépassement des limites ordinaires pour accéder à la connaissance libératrice de leur manifestation.
Ils montrent le chemin au chercheur céleste en lui indiquant la nécessité de s’élever en toute chose, de chercher toujours plus loin dans les recoins du corps et de l’esprit afin de comprendre où se trouve sa véritable immortalité.

Grand principe spirituel de l’éternité de Ātman आत्मन्, (l’âme), que je réitère ici par la citation magnifique de Rûmî ; « Étranges ces créatures humaines, qui, dans l’obscurité, pleurent sur leur propre immortalité ».

Confiance, patience, élévation, exigence pour soi-même sont des armes précieuses pour nourrir la quête spirituelle et trouver un sens à sa propre manifestation.

Depuis tant d’années, je vous rappelle à la nécessité de trouver le centre de votre conscience, afin que vous trouviez en vous les clés pour cette élévation.
Les nombreuses techniques méditatives, les pratiques du kriyā ont mis en place pour vous des stratégies concrètes afin que vous puissiez développer cet état de témoin objectif, attentif à la « phénoménalité » du réel. Nous l’avons beaucoup décryptée, analysée, expérimentée. Nous avons joué avec le temps et avec l’espace, la règle de base à nos pratiques restant toujours la même ; «  Observer ! ».
Dans l’observation méditative, exigeante et détendue à la fois, se trouvent les clés de la compréhension du réel. Ces clés vous permettent de comprendre le mécanisme de la réalité et d’en jouer pour vos propres aspirations et réalisations.
Pour comprendre où se trouve le centre de votre conscience qui permet l’observation parfaite du réel, nous allons revenir sur la notion de l’intelligence, de l’esprit et de la conscience.
Antonio Damasio, directeur du Brain and Creativity institute de Los Angeles nous éclaire à ce sujet-là.
Pour nous aider à comprendre ce qu’est l’intelligence, l’esprit et la conscience, il replace l’humain sur l’échelle de tout organisme vivant et identifie les différences.

Cette remise à niveau en tant qu’organisme vivant doté de facultés précises et de potentiels doit nous aider à nous repositionner humblement, ce à quoi le yoga nous invite en permanence, bien que nous possédions, nous humains, les fonctions cognitives et outils parmi les plus sophistiqués sur cette échelle du vivant.

La clarification entre l’intelligence, l’esprit et la conscience est un sujet familier pour nous car nous en faisons l’analyse métaphysique depuis bien longtemps.

En voici l’analyse du point de vue organique.
Pour tous les organismes vivants, de la bactérie à l’homo sapiens, l’intelligence est l’art de vivre et de survivre, à savoir, résoudre les problématiques de la survie. L’évolution des espèces a nécessité plusieurs milliards d’années pour donner l’ espèce évoluée qu’est la nôtre.

Ce qui différencie l’homme avec la bactérie, c’est l’esprit et ses développements, auxquels s’ajoutent la conscience et les sentiments. Tout cela nécessite les outils de la perception, de la mémoire et du raisonnement.
Qu’y a-t-il dans l’esprit humain ?
Des images, une infinité d’images, que nous créons et combinons en un courant discontinu.

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Ce n’est pas ce simple courant discontinu qui fait la conscience.
Ces images ne sont pas que des images visuelles, mais des schémas de types différents, sonores, tactiles, viscéraux, etc.
Les contenus de l’esprit s’appuient donc sur des schémas cartographiés dans l’espace qui représentent des objets et des actions. Ils reposent sur deux observations, les objets et actions que nous percevons à l’intérieur de notre organisme et ceux du monde qui nous entourent.

Occasion là de vous rappeler à l’état d’observateur du méditant.
Souvenez-vous comment observer l’intérieur et l’extérieur.

« Il s’agit d’être activement passif intérieurement et passivement actif extérieurement » déclarait Swami Prajñānpad.
Voir conf « L’état de confiance »

Revenons au contenu de l’esprit.
Ces schémas cartographiés deviennent l’objet d’inspection mentale, sont manipulables par nous et peuvent devenir l’objet d’analyses, de comparaisons, de jugements, de réflexions en nous.
C’est le raisonnement qui consiste à agencer ces schémas pour leur donner un sens.

L’intelligence des bactéries est différente, « non explicite » dit A. Damasio.
Elle est malgré tout surprenante, efficace et fonctionne sur la base de calculs bioélectriques, mais il n’y a pas d’images, pas de schémas cartographiés en elle. Pourtant, dans ce travail moléculaire, son intelligence repose sur les fondamentaux du vivant.

Les bactéries sont partout en nombre important dans le corps humain. La plupart sont inoffensives voire bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l’origine de beaucoup de maladies infectieuses.

Il y a donc dans l’échelle du vivant, deux intelligences : d’un côté, les secrètes, non explicites, et de l’autre, les intelligences explicites, manifestes, cartographiées, dotées d’un esprit et qui sont les nôtres.

Les deux cependant ont la même tâche : Survivre !
Les intelligences non explicites, bactéries, créatures unicellulaires, ont des solutions simples pour résoudre les problèmes.
Les intelligences explicites comme la nôtre sont beaucoup plus complexes et requièrent les sentiments et la conscience.
Bien sûr, tout n’est pas encore élucidé dans les tréfonds du vivant. La preuve, ces bactéries qui font des ravages et contre lesquelles nous nous battons.
Pour nous par contre, les manifestations de stockages des schémas mentaux sont plus facilement observables bien que toujours en cours de décryptage au vu de la complexité de nos connexions neuronales.

Si la nature a doté cette capacité non explicite aux êtres unicellulaires pour leur permettre de survivre, nous la possédons aussi en nous. Nous avons donc cette double intelligence, celle qui combat en nous dans notre organisme, dans le tréfonds de notre machinerie cellulaire, et celle plus supérieure, qui nous permet d’avoir la main sur une très large interaction avec le monde extérieur et d’enrichir notre monde intérieur par la créativité et la pensée.

Revenons à l’esprit.
Les nombreuses images, schémas ou cartes de l’esprit sont dus aux perceptions sensorielles qui y sont dominantes. Mais, nous dit A.Damasio, une grande partie de ces images ne viennent pas de l’extérieur mais sont plutôt le fruit des relations du cerveau avec le monde à l’intérieur du corps.
Et elles sont nombreuses, atypiques, complexes, habitant nos opérations mentales.

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Les dispositifs nécessaires à leur création ne se contentent pas seulement de décrire nos viscères. Ils leur sont intimement liés par leur nature chimique et sont aussi aptes à produire des sentiments.
L’esprit est donc fait d‘images de l’extérieur, brutes ou conventionnelles et de l’intérieur, de ressentis, d’expériences, de souvenirs.

Se créer des souvenirs, c’est enregistrer des images sous forme codée de façon à les rappeler et qu’elles soient plus ou moins proches de l’original.
Musique, langage, tout nous parvient sous forme d’image.
Notre machinerie mentale qui associe, manipule toutes ces images crée finalement des pensées, des idées concrètes ou abstraites qui nourriront notre activité neuronale.

Nous avons maintes fois posé le problème de la définition de la conscience. En science spirituelle, nous partons d’une conscience déjà établie et ordinaire qu’il nous faut transformer pour lui faire atteindre un plan supérieur plus vaste.
« Pour A.Damasio, le scientifique, la conscience serait un état d’esprit fait toujours des mêmes images, mais enrichie par le seul fait que l’individu sait que tous les contenus mentaux auxquels il a accès, lui appartiennent et se déploient dans son seul organisme. »
La conscience serait un état d’esprit qui sait qu’il est propriétaire de ses images mentales, extérieures et intérieures.

Revenons à nos pratiques yoguiques.
Pour le yogi, développer la conscience, c’est être en prise directe avec la perception du réel, transcender cette perception pour que le sens absolu de l’univers lui soit dévoilé, lui permettant la réelle intégration, une fois la subjectivité des images mentales ayant été enlevée.

Depuis des décennies, je vous apprends par les nombreuses pratiques yoguiques, à observer ce réel en vous, mais aussi à l’extérieur de vous.
A quel moment êtes-vous à l’extérieur, à quel moment êtes-vous à l’intérieur ?

Le yogi est celui qui peut à la fois, voir à l’intérieur de lui ses mécanismes intimes et voir à l’extérieur, le monde autour de lui et cela dans une même perception.
Ce que nous disent les sagesses depuis des millénaires.

Comment fait-il ?

En restant centré, en étant en permanence au centre de sa perception, au milieu, dans l’instant présent et en toutes choses, entre l’intérieur et l’extérieur.
Autrement dit, à la fois dans l’image extérieure et dans l’image intérieure.

Hari Om tat sat

Jaya yogācāryaḥ

Bibliographie :
 « Sentir et Savoir » d’Antonio Damasio aux edts O. Jacob
 Commentaire et adaptation de Jaya yogācāryaḥ

Remerciements à C. Pellorce pur ses corrections.

Conférence donnée par Jaya yogācāryaḥ en cours de méditation du 6 dec 2023 en visio de la Métropole via la Réunion

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