Se réunir régulièrement, pour certains depuis de longues années, et partager cette noble pratique de la méditation et de la réflexion métaphysique qui va de pair, c’est se donner les moyens d’avancer sur le chemin de l’existence avec des plages de silence, des étapes salutaires de répit mental et physique, voire des moments de réinitialisation.
Ces derniers, nourris par la connaissance spirituelle qu’apporte le guide, vous donnent des clés pour la pratique personnelle, ouvrent des portes insoupçonnées en vous, éclairent les différents plans de votre être, réduisant les doutes et assainissant le flot continu de votre activité quotidienne .
Celle-ci, supposée faite par tous en état d’éveil, est inconsciente aux yeux du sage.
Tel un flot dont beaucoup se contentent, l’assimilant à la seule réalité possible du déroulement de l’existence, elle enchaine chaque être humain aux systèmes qu‘il a conçus pour s’asservir lui-même.
Sur les rails de notre existence, la connaissance méditative travaille à notre aiguillage et donne ces temps de respiration vitale.
Cette activité frénétique et grandissante de la vie actuelle comble bien souvent un vide existentiel alimenté par l’absence de réflexion ou d’aptitude à la réflexion.
Il s’ensuit un flou perceptif de la vie où les émotions et les actions prennent le dessus sur l’intériorisation et la perception. Le raisonnement intellectuel ne suffit pas !
L’être a finalement peu de visibilité sur son avenir et sur les moyens de sa pleine réalisation.
Il lui manque une dimension.
Survoler notre réalité quotidienne par l’objectivité qu’apporte l’état d’observateur est plus que jamais nécessaire.
Sans dénigrer les nombreuses activités associatives ou participatives que la société offre aujourd’hui et qui fédèrent les bonnes volontés et l’énergie de leurs participants, il est cependant plus rassurant de méditer pendant trente ans que d’avoir des occupations inutiles et débilitantes pour combler son emploi du temps.
Quant aux nombreuses activités professionnelles pour lesquelles nous sacrifions une grande partie de notre vie, il est préférable qu’elles nous passionnent sans quoi, nous sommes jetés en pâture au service de systèmes qui phagocytent notre énergie.
Tout système qui nous vend un peu d’énergie nous aliène en nous en reprenant beaucoup plus.
Vous gagnez un salaire, mais que vous coûte t-il véritablement en efforts et compétences, en sacrifices, en temps donné au système qui vous rémunère ?
La valeur estimée obéit à des donnes relatives de la période sociétale dans laquelle vous êtes.
Votre talent de vie est-il réellement monnayable ?
Nous acceptons l’inacceptable loi des hommes et de leurs systèmes.
La dernière fois, je vous disais que le tropisme naturel de la vie était de tendre vers un état supérieur par le processus de l’évolution, une sorte de transcendance.
La véritable transcendance ne s’occupant que d’un état naturel, n’est pas le lot de tous !
Dans la société humaine, le processus de réalisation d’un objectif est le moteur de son évolution.
Tout être vivant a un but. Mais le but d’un animal n’est pas celui de l’homme.
Lorsque vous êtes assujetti au but de quelqu’un, vous perdez toute notion de votre véritable but.
Le développement des animaux ou plantes apprivoisés va dans le seul sens de l’homme. Un cerf et une vache n’ont pas les mêmes préoccupations de vie.
L’un a les soucis de la vie libre et l’autre, en devenant assujettie au fermier, n’a plus à se préoccuper que de manger paisiblement pour être bien vendue et finir à l’abattoir.
Nous vendons notre âme au diable en acceptant d’être les ruminants de systèmes qui
prétendent veiller à nos réels besoins, quelle que soit la couleur de leurs doctrines religieuses, politiques, économiques.
L’activité principale de l’homme d’aujourd’hui se réduit à la production, la vente et la consommation de toutes sortes de produits. L’homme crée les structures qui le rendent esclave.
A la tête de ces structures, des superstructures qui se moquent finalement des produits qu’ils vendent et de l’intérêt du consommateur. Elles se développent outrageusement.
Comment cela se fait-il ?
Le produit principal en jeu est l’énergie.
L’homme achète des produits pour son confort, ou un faux besoin, voire son plaisir. Mais tout n’est pas destiné au seul plaisir et derrière les biens apparemment liés au plaisir positif, se cache parfois de l’énergie négative.
Tous les besoins crées chez l’homme par les structures, les systèmes de productions, entrainent une dépendance à ces besoins, un asservissement qui lui coûte cher.
Au-delà des enjeux économiques et des intérêts matériels et financiers, c’est de l’énergie qui se vend et s’achète.
Un exemple : l’alcool. C’est de l’énergie dans son expression la plus pure.
« Lorsque vous buvez de l’alcool, vous prenez un crédit d’énergie. L’euphorie alcoolique, c’est lorsque vous touchez le montant du prêt, et la gueule de bois c’est le remboursement avec intérêt. Vous devez toujours rembourser plus que vous n’avez dépensé. Les superstructures qui vendent cela ne vous donnent jamais d’énergie à titre gratuit », nous dit V. Zeland.
Vous buvez un peu, elles vous sucent un peu.
Si l’alcool est fort, la montée sera haute mais la descente ensuite encore plus forte et la déprime ou le chaos créés en vous apporteront une perte d’énergie considérable.
Quant à la dépendance, le prix à payer est exorbitant. Plus les sensations énergétiques sont fortes, intenses, plus vous entrez dans des habitudes dévastatrices et plus cela constitue du crédit au système dont vous dépendez.
Cela se retrouve à bien des niveaux insidieux ou subtils de notre monde de consommation ou comportemental, (alcool mais aussi drogue, médicaments, loisirs, sexe, sucre, nourriture, shopping, mode, jeux vidéos, défis, réseaux sociaux, sensations fortes, sports, etc.).
Dans l’exemple de l’alcool, au-delà du fait de la dépense d’argent et des effets toxiques potentiels sur l’organisme, le fait même que cet échange avec les systèmes qui le produisent soit un échange avant tout énergétique, doit nous amener à comprendre que c’est de notre énergie libre et disponible dont le système se nourrit.
Les industriels l’ont bien compris.
Plus insidieux, c’est lorsque cette énergie libre entre dans un mécanisme de dépendance. Le système pompe cette énergie à votre insu par un lien presque affectif ou de rapport de force. Il a créé le besoin. Vous aimez, voire vous ne pouvez vous en passer.
La première accroche est toujours prometteuse de légèreté, de bien-être ou d’apport positif pour vous, mais si vous tombez dans la relation inégale avec le système qui vous pompe et devenez son débiteur, votre énergie libre sera toujours à disposition du système.
Vous aimez le "Caprice des dieux" bien crémeux et il sera votre fromage bien riche sur votre table. Difficile d’en freiner l’envie.
Vous pouvez même choisir un magasin spécial et faire des détours pour le trouver.
L’énergie des systèmes qui nous dirigent, nous nourrissent, nous éduquent, nous cultivent, nous habillent, nous soignent, nous divertissent est agressive.
Le tout est de ne pas être débiteur en énergie libre et négative avec eux.
Savoir quel est notre niveau de conscience et de solvabilité, de vigilance pour en jouer de façon positive. Parfois, la ligne de démarcation est subtile.
Nous voyons aujourd’hui les dégâts, à bien des niveaux, que font les réseaux sociaux sur des générations entières : beaucoup de jeunes adolescents y perdent leur sommeil, leur fierté, leur amour propre, leur authenticité, leur vie privée. Plus l’énergie libre de l’ influenceur est offerte au système, plus le prix est cher à payer, parfois même au risque de sa santé ou sa vie.
Quant à celui qui passe plusieurs heures par jour à regarder sur un écran, l’énergie démonstrative du même hurluberlu, il est lui-même pris au piège de sa perte d’énergie libre.
Un "réel" par ici, un "réel" par là et voilà un moment de vie en moins pour regarder l’autre, ou donner de sa présence...tels ces couples au restaurant qui ne se parlent plus, l’oreillette à l’oreille…faisant semblant d’être-là.
Cette énergie libre dont nous sommes détenteur, est précieuse à bien des égards, ne serait-ce qu’en termes d’espace-temps pour la créativité, le lien social, le service, l’entretien cognitif, la préservation, la liberté tout simplement.
A la satisfaction de tout besoin, se produit une énergie.
"Lorsque vous désirez, vous accumulez de l’énergie, lorsque vous recevez, vous l’émettez", nous dit encore Zeland.
Si je mange tout va bien, si je ne peux, rien ne va !
Comment font alors les systèmes pour nous aliéner à si grande échelle ?
Comment des sociétés comme Amazone, tik-tok, etc. nous conditionnent-elles à ce point ?
La nature du mental humain a la capacité de se focaliser sur une chose et une seule à la fois. Lorsque le système a réussi à capter votre attention, vous a attrapé, il sait comment vous renvoyer régulièrement des informations d’accroche.
Votre énergie libre est prise au piège (sms, pubs, réunions, fin de week-end, occasion sportive, "black friday", journée mondiale du n’importe quoi, etc.)
Il devient familier et s’insère par un mécanisme attractif de votre attention.
Seule votre volonté humaine peut vous faire échapper à ce processus.
Or, le niveau de conscience actuelle du plus grand nombre d’êtres humains est peu élevé. Difficile de ne pas être des "bovins dans cette ferme mondiale automatisée".
Les grands systèmes actuels qui gouvernent notre planète sont parfaits en termes d’efficacité à paramétrer, programmer, créer, rentabiliser nos besoins et nous assimiler à des consommateurs numérotés, et ce, avec notre validation.
Toute la société dite civilisée est construite sur ce processus d’échange commercial de l’énergie où les structures qui la produisent tiennent les ficelles de notre liberté.
Être identifié ou appartenir à certains groupes n’en dérange pas beaucoup, à voir les bains de foule pour telle occasion sportive, politique ou religieuse.
C’est confortable et rassurant pour beaucoup, très inquiétant pour le chercheur spirituel.
Vivre l’existence de son propre chemin est essentiel pour le chercheur spirituel.
Nous avons lutté contre l’esclavage et l’injustice.
Mais sommes-nous assez conscients aujourd’hui, pour faire face à ces nouveaux asservissements insidieux qui, sous couvert de nous rendre la vie plus attrayante et facile, nous éloignent du véritable sens de la liberté ?
Sans pouvoir nous passer de la civilisation à laquelle nous appartenons, n’oublions jamais que le chercheur spirituel, le yogi est un rebelle conscient qui préfère la vie du cerf dans les bois à la vie paisible de la ferme.
Hari Om tat Sat
Jaya Yogācārya
Bibliographie ;
– « Diriger la Réalité » de V. Zeland aux edts Exergue
– Adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya
Remerciements à C. Pellorce pour sa correction
©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion & France