Enfant de l’univers, l’homme primordial entretenait avec la nature un lien de divination. Capable d’adorer le soleil ou le dieu du souffle, il n’avait pas encore développé son outrecuidance. S’étant « mentalisé » au fil de son évolution, l’homme contemporain se centre lui même au sein de la création et exploite cette même nature.
« Il n’est pas de bon ton, homme civilisé que je suis, et capable d’argumentation intellectuelle sophistiquée en ce qui concerne la spiritualité, que je m’abaisse à m’incliner devant la beauté d’une fleur ou que j’imagine un seul instant me connecter sur l’énergie cosmique. Fadaises que cela, je les laisse aux imbéciles. »
Ailleurs, au même moment, d’autres êtres regardent leurs semblables et s’étonnent intimement. Notables, érudits ou plus modestes, les hommes ont les yeux fermés et le bon sens leur échappe. Pourtant chacun y va de sa bruyante expression.
« Pasha » est le lien qui enchaîne l’être à la détresse existentielle.
Ceux qui sont pris par ce lien sont les « Pashus », les êtres amputés de la conscience spirituelle.
Vous aurez beau être docteur en théologie et rester un Pashu. Et vous
pouvez être le paysan du coin qui bénit chaque matin sa pastèque et le soleil et vous débarrasser de ce lien.
Depuis quand n’avez vous pas salué le soleil qui vous nourrit ? Depuis quand n’avez vous pas pris soin de vos fleurs ? Depuis quand n’avez vous pas parlé au ciel sans lui demander quelque chose ? Depuis quand n’avez-vous fait une offrande à la vie ?
Un simple rituel non religieux ! Honorer la vie !
Depuis quand ne vous êtes-vous pas incliné simplement avec votre corps pour fouler d’un baiser la terre qui vous porte ?
Vous préférez vous incliner intellectuellement devant la grandeur de l’univers et des astres et vous considérer comme minuscules. Alors vous en déduisez que vu notre petitesse, ma foi rien n’est bien important, et l’exigence de l’enseignement de Jaya encore moins.
Mais c’est parce que vous êtes petit dans l’univers, qu’il vous faut faire de grandes choses. Vous possédez en vous la potentialité d’une graine.
Faites germer en vous la conscience de cette graine, votre mission génétique ! Soyez aussi ambitieux que les cellules de votre foie qui travaillent patiemment à faire un foie. C’est là leur Dharma.
Connaissez-vous votre propre Dharma ?
Participez à l’élévation de la race humaine, contrecarrez par votre action personnelle tous les dégâts que les hommes font par ailleurs. Préparez vos enfants à ne pas être de parfaits consuméristes. Éduquez-les à remercier la plante le matin pour sa simple existence, à déceler derrière le bruit du tuning qui passe, le chant de l’oiseau vierge. A saluer plus bas encore les êtres qui vous saluent.
Redevenez des êtres sacrés par le seul fait de votre existence et débarrassez-vous de vos justifications intellectuelles et de vos peurs de politiquement correct.
Devenez enfants de la lune, écrivez des mercis en dessinant des fleurs et offrez les à ceux que vous rencontrez, sans peur du ridicule.
J’ai dans mes élèves, une femme de la lune ! Je me suis souvent posé la question de sa naïveté spirituelle. Mais même si parfois, elle me semble perdue, elle m’offre une fraîcheur à un âge mûr, dont peu d’entre vous sont capables. Un jour que je lui demandais : « mais J., pourquoi cette gentillesse ? »
Elle me répondit : « Les autres m’ennuient profondément, alors je les amuse et fais l’imbécile, pour qu’ils rient et se détendent. »
Bien sur, cette femme intelligente est comme nous tous, avec des angoisses existentielles, des douleurs dans le corps. Même si elle fait un travail spirituel par ailleurs loin du yoga qui me semble parfois incomplet, elle a le pouvoir de créer en moi l’étonnement.
Êtes-vous capable d’étonner autrui par l’amour ? Êtes-vous capable de vous étonner vous-même ? Beaucoup d’entre vous prendront cette personne pour quelqu’un de curieux et de dérangeant. Je la prends pour ce qu’elle est, un être lié à sa souffrance comme vous tous, mais qui a le courage de mettre de la poésie là où vous ne mettez que de l’analyse, des restrictions et de la pudeur.
Et vous me direz !
« Mais Jaya, cela m’étonne de vous, vous qui êtes si cartésienne dans votre démarche spirituelle ! »
Et je vous répondrai.
« C’est parce que j’assume la vision concrète de la réalité que je sais aussi méditer sur la lune. »
La longue pratique du yoga m’a formée à vous apprendre à voir la réalité telle qu’elle est et non telle que vous voudriez qu’elle soit.
Elle m’a appris à me méfier de tous les « spiritueux » de tous poils qui s’improvisent dans des formes nouvelles de yoga en prenant à droite et à gauche des bribes de connaissance, faisant ainsi un pot-pourri spirituel, en y rajoutant un « A » à la fin pour que cela fasse plus sanskrit, et en venant vous bercer avec des airs « éthériques », vous,les gentils crédules et incultes Réunionnais. A coups d’anges, de mélange des genres, christiques, hindous, bouddhistes, on vient vous déverser une idéologie vénale qui aggravera votre état de Pashu, de lien.
L’enchaîné est celui qui est lié aux trois états couvrant la conscience, que sont le rêve, la veille et le sommeil. C’est le pouvoir d’adhyaropa, le processus d’illusion qui vous maintient dans cette non connaissance. Votre état de veille n’est pas un état d’éveil. Si de plus, vous aggravez l’état de rêve éveillé, je ne peux rien pour vous.
Le yoga est une science millénaire, vaste, et comme vous font défaut la pensée pénétrante, la force de caractère et de discipline pour l’appréhender au delà de vos simples attentes, vous sautez tout de suite sur ce qui est consommable. Quand je vois certains d’entre vous toucher à tout ce qui passe en terme de spiritualité, et ne pas approfondir les techniques déjà identifiées, alors je me dis que j’ai encore beaucoup de travail devant moi car vos yeux sont toujours fermés.
Vous êtes des aveugles qui jouent à colin-maillard.
Mais voyez-vous, au centre Jaya, nous sommes toujours là pour continuer à vous aimer et ce depuis près de vingt ans.
Le jour, où vous aurez épuisé cet amour là, c’est qu’il nous faudra passer à autre chose.
Je souhaite à tous mes élèves, que leurs yeux s’ouvrent enfin sur la magnificence de la voie millénaire du yoga qu’ils ont choisie et que nous parcourons ensemble.
Qu’ils apprennent à voir la réalité telle qu’elle est. Vous n’avez pas besoin d’anges pour vous aider à vivre. Soyez pleinement des êtres humains, cela est déjà un grand challenge.
Devenez l’exemple des enseignements, avec un corps vigoureux, léger, souple, intelligent. Soyez le porte parole de la sobriété, de la maîtrise, de la force intérieure et de la constance, de l’ouverture d’esprit. Ayez une pensée rigoureuse et souple à la fois que nécessite la connaissance des grandes lois de l’univers.
Et derrière tout cela, sachez encore vous extasier avec l’innocence de l’enfance.
Maheswari se joint à moi par sa bénédiction.
Hari om tat sat
Messages
1. Voeux de Jaya 2009, 23 janvier 2009, 18:54
Merci Jaya et Maheswari pour ces voeux 2009 !
Je retiens beaucoup de choses dans ce texte, parfois je reste loin de certaines idées et pratiques évoquées, mais me sens bien proche de tellement d’autres...
L’enthousiasme, un certain regard d’enfant que je fais en sorte de ne pas perdre complètement, c’est chouette d’être léger dans sa tête et dans son corps...
Bien à vous
Daniel
1. Voeux de Jaya 2009, 26 février 2009, 16:19, par TALI
sommes nous libres d’élever en nous les demeures des hommes qui s’aiment ?????
LE FLEUVE est large faut-il etre suffisament sage (interieurement) pour passer sur le pont
sans succomber à tout ce qu’il enjambe ????
pensées dans le lointain......FRANCE