Résumé de la conférence donnée par Jaya Yogācārya en mars 2004
Dans le monde actuel, beaucoup de personnes sont à la recherche de la paix mentale. La vie quotidienne détruit le fragile équilibre de l’harmonie et de la santé. C’est pour cela que beaucoup de personnes se tournent vers des enseignements divers afin d’avoir les clés de ce calme intérieur.
" Je voudrais le calme intérieur, disent-ils, vous m’en mettrez trois kilos, c’est combien ? "
Souvent, des techniques sportives ou similaires, des méthodes revues et corrigées d’anciennes disciplines n’apportent pas forcément le calme sur tous les plans.
Elles peuvent vous vider du stress de votre journée sans pour autant vous donner les moyens de contrôler votre mental.
Quand "ces quêteurs" comprennent que ce répit n’est que provisoire, ils osent alors souvent avec beaucoup de méfiance et de peur s’adresser à des portes plus philosophiques ou spirituelles.
"Je les aime beaucoup, mais ils font un yoga très religieux !"
Parfois, ces personnes elles-mêmes peuvent enseigner le yoga. Sont-elles prêtes à discerner le spirituel du religieux ? L’éducation spirituelle de beaucoup de gens est si inexistante qu’ils prennent des " vessies pour des lanternes " comme ils voient un temple derrière chaque lampe à huile.
Il n’y a pas de lampes à huile que dans les monastères.
Et quand bien même !
Les maîtres qui ont préservé le yoga pour qu’il traverse les âges jusqu’à nous, ont profondément prié Dieu afin qu’il protège de l’oubli des hommes, cette connaissance du silence.
*" L’ego " nous empêche d’accepter et d’inclure la différence. Il crée des peurs de défense, révélatrices de la fragilité intérieure et de la méconnaissance. Vous pouvez vivre avec des religieux sans être comme eux et sans en avoir peur. Ils peuvent être vos meilleurs confidents et amis. Pourquoi en avez-vous donc peur ? Ne savez-vous donc pas discerner ? Ne savez-vous donc pas avoir une démarche spirituelle sans qu’elle soit religieusement "dogmatisée ?"
Quant à vos propres expériences spirituelles ! Si elles ne sont pas "transcendantalement divines", elles restent des rêveries illusoires.
Si on accepte l’ouverture, on commence alors à faire quelques prises de conscience sur ses propres fonctionnements. Ainsi, des connaissances techniques, intellectuelles, philosophiques ou spirituelles peuvent effectivement vous ouvrir de nouveaux horizons sans qu’il y ait une conversion à quoi que ce soit.
*Le Yoga est la science de l’ouverture et de la tolérance.
* Un bon cours de yoga peut réunir un ensemble de personnes venant de convictions différentes sans qu’elles en soient le moins du monde perturbées. En général d’ailleurs, elles en ressortent encore plus renforcées, soit dans leur pratique spirituelle, soit dans leur pratique personnelle religieuse si elles en ont une. Ce qui fait la richesse d’un cours de yoga, c’est la mixité entre les croyants et les non croyants, entre les cartésiens, les intuitifs et visionnaires. Tout est une question d’intériorité.
Il vous est demandé d’accepter simplement que l’univers est bien plus vaste que la connaissance que vous avez de lui. Il vous est demandé de le découvrir au fond de vous, quel que soit le nom ou la forme que vous lui donnez, afin d’élargir votre conscience, afin d’avoir plus de prise sur la réalité de votre vie, afin de faire descendre dans votre "ordinarité" ce qui est "supérieur".
Il y a ensuite ceux qui désirent une élévation spirituelle et font déjà partie d’un groupe ou d’une appartenance. Déjà plus établis dans leurs pratiques, ils essaient que leur mode de vie soit en accord avec ces pratiques. L’on peut rester à ce stade durant des années avec des certitudes, des justifications de confort intellectuel et physique qui nous servent d’identité. Attention à ne pas vous y endormir, et la faute n’en incombera qu’à vous.
Le vrai chercheur spirituel, c’est celui qui désire profondément l’élévation spirituelle et qui se donne tous les moyens pour la vivre et en faire l’expérience. Il se dépasse malgré les obstacles, physiques, psychologiques, événementiels.
Nombreux d’entre-vous êtes incapables de vous transcender malgré vos aspirations.
*" Ah ! j’ai mal au poignet, je ne peux plus faire la salutation au soleil ! Ah ! j’ai mal au dos, je préfère ne faire que la relaxation Nidrā निद्रा ! Ah ! mon ostéopathe m’a dit que ce n’était pas pour moi ! ; Ah ! je n’ai pas le temps, maintenant que je suis à la retraite, je suis débordé ; Ah ! je ne me vois plus en train de faire le Śivamudrā शिव मुद्रा, par contre elle fera toujours le signe de croix ; Ah ! j’ai mal à la nuque, je ne fais plus la posture sur les épaules, mais elle continuera à stresser dans ses trapèzes sur son ordinateur ; Ah ! je médite depuis des années, mais j’ai toujours du mal à me concentrer (dix mn par jour est plus qu’insuffisant) ; etc., etc., etc.
Vous voulez trois kilos de connaissance, mais êtes-vous capable d’en porter un seul ? Et tout l’or du monde n’y fera rien. " Nos vieux " qui ont souvent travaillé dur dans leur vie et qui sont encore là, n’en pensent pas moins sur vos gémissements.
* Combien de maux de dos, de rhumatismes, d’humiliations, de patience ont-ils transcendés ? Pourquoi ? Pour vivre, pour traverser la vie et son chemin.
Regardez du côté des ermites, des pères du désert, des yogis silencieux, des moines tibétains et de beaucoup d’autres. Vous êtes prêts à vous incliner devant eux pour obtenir leur bénédiction. " Ah ! mais j’ai mal aux genoux, je ne pourrai pas m’incliner davantage. "
Honnêteté, honnêteté intellectuelle, morale, spirituelle sont nécessaires.
" Tu ne leur diras pas, je les aime beaucoup, mais je ne veux pas qu’ils le sachent ".
Quand un guide spirituel vous donne, n’oubliez jamais qu’il vous a donné le plus sincèrement et évitez de projeter sur lui vos propres doutes.
Quand il vous a enseigné, remerciez-le de cela, même après des années, et n’allez pas jouer à sa place son rôle à la porte voisine.
C’est cela l’éducation spirituelle.
Transcendez vos défauts et votre petitesse.
*Le yoga n’a besoin que " d’êtres courageux " pour parfaire " sa voie. "
Enfin, il y a ceux qui ne se montrent qu’en présence des personnalités et prétendent pratiquer en tel lieu alors qu’on ne les y voit jamais. Ils apparaissent brillants et gominés à l’arrivée du Maître et se pavanent dans des habits de "spiritueux", ou des "allures de grand yogi", avec des grandes sentences " d’épistémobylette. "
*Mais où est la pratique quotidienne, ardue et silencieuse, qui fait briller la peau sous le fard.
Halte là, gens de peu de foi !
*Il y a enfin les sincères, ceux qui ont le profond désir d’accélérer leur évolution spirituelle, et ceux-là me sont chers. Ils se posent "force questions" et cherchent comment accéder à la réalisation spirituelle.
Pendant des années, la connaissance des pratiques yoguiques, postures et respiration, fut accessible à la majorité des Indiens et notamment à ceux qui cherchaient sincèrement la vérité. Mais la connaissance de hautes pratiques, beaucoup plus puissantes, demeuraient l’apanage d’une élite évoluée. Elles étaient transmises directement de maître à disciple ou par l’intermédiaire de textes sanscrits rédigés par les anciens ṛṣi ऋषि.
Les techniques que vous avez la chance aujourd’hui d’aborder comme certains prāṇāyāma प्राणायाम, mudrā मुद्रा, Kriyā क्रिया, (particulièrement les niveaux avancés), sont parmi ces techniques très importantes et puissantes, car elles favorisent l’éveil de cette force latente en chacun de nous que l’on appelle la Kuṇḍalinī śakti कुण्डलिनी शक्ति.
Essayez de bien comprendre la portée de ce que vous recevez et prenez conscience de ce que vous en faites. Vous en faites bien souvent du gâchis par faiblesse de caractère, manque de force de vie et d’idéaux élevés.
Alors nous, vos guides, bien souvent, nous vous maintenons la tête hors de l’eau mais vous avez beaucoup de difficultés pour nager et vous en sortir.
Notre" Dharma "धर्म cependant, est de ne pas vous laisser couler !
Jaya Yogācārya
Hari Om Tat Sat
©Centre Jaya de Yoga Vedanta Ile de la Réunion