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"Hiraṇyagarbha, l’oeuf d’or"

"Hiraṇyagarbha, l’oeuf d’or"

Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation le vendredi 29 juin 2018

Je voudrais ce soir, pour la dernière conférence de ce semestre, vous parler de cosmogonie hindoue. Je vais donc d’abord clarifier deux termes souvent utilisés en tradition mystique hindoue, la cosmogonie et la cosmologie.

La cosmogonie (du grec cosmo - « monde » et gon- « engendrer ») parle de la formation de l’univers par l’intermédiaire des mythes et des légendes.
La cosmologie (du grec logie- « logique » ) est la branche de l’astrophysique qui étudie l’origine, la nature, la structure et l’évolution de l’Univers.

La cosmogonie possède de nombreux récits, à l’origine oraux et qui constituent la base de presque toutes les religions et des sociétés traditionnelles. Dans toutes les traditions, il y a toujours eu des philosophes ou des scientifiques qui ont décrit les origines possibles de l’univers. C’est ainsi, que des milliers de légendes relatives aux origines du monde, à l’existence des dieux, constituent le fondement de nos mythes. Ils illustrent les grands principes idéaux et intemporels. Ils sont, pour Mircea Eliade (Mircea Eliade, 1907 -1986 est un historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain) « les modèles parfaits et inspirants des hommes devant le chef d’œuvre qu’est l’Univers ».

En ce qui concerne l’Inde, les poètes védiques adressaient aux dieux des louanges pour avoir fait naître ce monde si bien ordonné et si miraculeux, malgré la misère de l’existence humaine de l’époque. Pour les ṛṣi ऋषि, l’existence était le cadeau suprême leur permettant de trouver le salut en parvenant à prolonger la vie après la mort physique, dans le principe lumineux de dissolution et de l’expérience du soma सोम, l’amṛta अमृत.

Ce n’est pas là un enthousiasme naïf de la part des hommes anciens.

Les indiens ont toujours fait preuve à la fois d’un esprit intuitif et spirituel mais aussi d’un esprit scientifique et rationnel et l’Inde est réputée encore aujourd’hui pour ses nombreux cerveaux. Revenons un peu en arrière.
Vers -1500 av J.C, la vallée de l’Indus accueille déjà une civilisation humaine très développée. Les tribus aryennes qui l’envahissent alors, bien que dominantes par leur aspect guerrier, vont être conquises par la supériorité de ceux qu’ils viennent d’occuper. Le langage va alors se modifier pour donner le Védique ancien puis le Sanskrit classique.
Ce nouveau peuple émergeant va poursuivre une quête métaphysique en voulant comprendre le pourquoi du monde. Les premiers textes seront des hymnes aux diverses divinités représentant les forces cosmiques à l’œuvre. Bien que naïfs au départ, certains laissent déjà présager l’émergence des grands textes spirituels et éclairés que seront les Veda वेद, et que l’on appellera ensuite les śruti श्रुति, les textes révélés, les textes lumineux. »

La prospection du monde extérieur comme intérieur va pouvoir commencer et ces textes en seront le témoignage. De l’infiniment petit à l’infiniment grand, de son propre environnement au ciel étoilé, de ses émotions à la pensée la plus élaborée, l’indien antique va entreprendre cette conquête du savoir et de la pensée.
De là, découleront les textes aussi bien philosophiques, cosmogoniques que scientifiques. C’est de là qu’émergera la spécificité et le génie de la pensée indienne.

Ainsi donc, lorsque le ṛṣi honore Sūrya सूर्य, le soleil, il sait que ce dernier ne tombera pas.

Si l’homme primitif pouvait craindre cela, lorsque l’écriture apparaît, Les hommes sont déjà plus éclairés et nous sommes en face d’une civilisation déjà très évoluée.
La course régulière du soleil qui donne la notion d’espace mais aussi de temps, le fait que l’immensité du ciel étoilé soit lisible et permanent, sont à l’époque de vraies bénédictions pour les hommes. Au-delà du fait qu’ils pouvaient considérer que c’était l’œuvre charitable et libre d’une divinité, ils comprirent surtout, que quelque chose de plus grand était à l’œuvre, obéissant à un ordre de l’univers, à une vérité cosmique.

La pensée « Arya », voire Védique, est de nature à estimer que le monde doit faire face à un éternel combat entre les forces du bien et du mal. L’homme Védique va donc faire face à cela, mais aussi s’engager personnellement par l’action, à participer, de toutes les façons possibles, à l’organisation du monde.
L’existence des rituels qui ont pour objectif d’agencer le temps et l’espace, en sont l’exemple.
Ainsi, l’organisation de l’espace-temps va se faire par la conquête des connaissances mais aussi des territoires insoumis, auxquels on imposera les lois et les rites.
Les stratégies sacrées des rites permettent de renouveler l’organisation du monde terrestre afin d’introduire la notion d’agencement, d’ordre dans la mise en place des choses humaines, particulièrement celles du bien et celles du mal.
La vie de l’individu va pouvoir s’ajuster à l’ordre universel et micro-macrocosmique.
L’initiation dans la tradition Védique en sera le point d’orgue.
L’initiation, entendons-là, l’initiation spirituelle, sera considérée comme une deuxième naissance.
Le « deux fois né » est généralement le terme qui désigne le maître, le sage s’étant affranchi par ‎mokṣa मोक्ष, la libération spirituelle.
Mais l’initiation concerne d’abord celui qui, par la connaissance Vidyā विद्या et le respect du Dharma धर्म, ayant été initié à cela, trouve sa place et sa fonction dans le monde des hommes et de l’univers.

C’est dans cette structure de pensée, que les récits cosmogoniques védiques, les récits des origines du monde vont se développer.
« Les ṛṣi conçoivent l’origine des choses comme une véritable cosmogonie, un passage du chaos au cosmos, de l’informé au formé, du désorganisé à l’organisé, du non-manifesté au manifesté, etc. », écrit Jean Varenne.

Il est donc temps de vous parler du personnage ou principe qui préside aux origines.
Prajāpati प्रजापति, est celui qui, indistinct au départ, ne va devenir lui-même que lorsqu’il se réalise dans la procréation.

Il est le dieu créateur, le géniteur dans la mythologie hindoue.
Prajāpati est le père des deva देव, les dieux, et des asura असुर, les démons. C’est l’un des dix géniteurs, esprits issus de Brahmā ब्रह्मा ( Manu-Svāyaṃbhuva मनु स्वायम्भुव) pour peupler le monde.
Dans le sāṃkhya सांख्य, il est le régent niyantṛ नियन्तृ de la faculté de reproduction upasthani उपस्थानी.

Prajāpati est aussi le Cosmos. Ce terme peut également s’appliquer à Agni et d’autres dieux dans leurs fonctions créatrices.
Au pluriel, le terme prajapatis peut être utilisé pour parler des enfants ou des ancêtres de Brahmā, les créateurs de tout ce qui existe. Les 7 ṛṣi (saptarṣi) en font partie.

Prajāpati est en fait l’autre nom de Brahmā.
Brahmā, selon ses attributs, est présent dans les textes et les commentaires sous des noms différents tels ;
Hiraṇyagarbha हिरण्यगर्भ. L’œuf d’or, « celui qui contient tout » est son nom lorsqu’il est dans son rôle de créateur de l’œuf initial. Hiraṇyagarbha se traduit aussi par "matrice d’or", "ventre d’or". Il est le lieu d’où est issue la création. Il est la cause de l’univers d’après le Rig-Veda (X, 121).
Dans le Sāṃkhya, il est Buddhi बुद्धि qui correspond au troisième Tattva तत्त्व.
Dans le Vedānta वेदान्त, il est Mahat महत् (l‘intellect).

La matrice d’or est le lieu où réside Bindu बिन्दु, le fondement de toutes choses.

Les autres noms de Brahmā sont Vîrâj विराज्, le brillant ; Aja अज, le non-né (qui s’engendre lui-même) ; Svayambhū स्वयम्भू, l’auto-engendré ; Ādikavi आदिकवि (Vālmīki), le premier poète ; Lokesha लोकेश, le roi du monde.

Brahmā, premier dieu de la Trimūrti त्रिमूर्ति (Brahmā ब्रह्मा (création), Viṣṇu विष्णु, (préservation), Śiva शिव (destruction)), fait partie des divinités hindoues majeures. Sarasvatī सरस्वती est sa śakti शक्ति, son énergie. Elle est aussi sa parèdre. Son vāhana वाहन (monture) est un hamsa हंस, le cygne blanc. Il est associé à la couleur rouge. Apparaissant dans les Brāhmaṇa ब्राह्मण (textes annexes au Veda), il est davantage présent dans les Purāṇa पुराण, le Mahābhārata महाभारतम् et le Rāmāyaṇa रामायण.
Bien qu’il ne faille pas confondre Brahmā et Brahman, Brahmā est parfois considéré comme une personnification de la notion abstraite de Brahman.
Il est en fait une émanation.
Brahmā intervient seulement rarement dans les affaires des dieux, et encore moins dans celles des hommes.
Il est considéré comme le père du Dharma धर्म.
Brahmā vit à Brahmāpura, une cité située sur le mont Meru मेरू.
Sa vie dure 36 000 de ses jours, chacun d’eux valant environ 8,64 milliards d’années des nôtres. Bien qu’étant le créateur de toutes les créatures vivantes, peu de temples lui sont totalement dédiés.
Dans sa représentation anthropomorphique, Il est traditionnellement représenté avec quatre têtes et quatre bras.
Chacune de ses têtes récite un des quatre Veda (Le Rig-Veda, le Yajur-Veda, le Sâma-Veda, l’Atharva-Veda).
Ces quatre visages, selon certains védantins, représentent aussi le fonctionnement de la personnalité propre, l’antaḥkaraṇa अन्तःकरण, laquelle est faite de : citta चित्त, (l’inconscient ; manas मनस् , (le psychisme conscient) ; buddhi बुद्धि, (l’intellect) ; d’ Ahaṃkāra अहंकार, (l’ego).
Les quatre visages peuvent aussi représenter les quatre points cardinaux, les quatre yuga युग (les quatre âges, Satya Yuga सत्य, Treta Yuga त्रेता , Dvapara Yuga द्वापर et Kālī Yuga काली). Selon la cosmogonie hindoue, le monde existe sur une durée de 4 320 000 années solaires (mahâyuga) avant de se dissoudre et d’être recréé à nouveau. Le premier Yuga, Satya est un âge d’or et le déclin se poursuit jusqu’à l’âge sombre de Kali, dans lequel nous serions actuellement et qui précède la dissolution Pralaya प्रलय.
Ces âges sont respectivement sont l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge de bronze et l’âge de fer.
Revenons à la représentation de Brahmā.
Ses mains tiennent :
1. un pot à eau et à bec utilisé pour créer la vie est dénommé kamaṇḍalu कमण्डलु. C’est le pot du sadhu, de l’ascète.
2. un akṣamālā अक्षमाला un rosaire composé d’Akṣa, graines qui servent aussi au Rudrakṣa.
3. un livre, pustaka पुस्तक, représentation symbolique des Veda,
4. une ou deux louches sacrificielles, sruk.

Ses quatre têtes s’expliquent par la légende suivante : lorsqu’il était en train de créer l’univers, Brahmā engendra une déité féminine nommée Śatarūpā शतरूप , celle aux « cent (Śata) formes (rūpā) superbes », également nommée Sarasvatī.
Brahmā en tomba immédiatement amoureux. Śatarūpā, pour éviter le regard insistant de son géniteur, se déplaça alors dans de nombreuses directions, mais, où qu’elle alla, Brahmā se créait une tête pour la voir. À la fin, il en eut cinq, une pour chaque direction cardinale et une pour regarder au-dessus.
Lorsque Śiva apprit que Śatarūpā était la fille de Brahmā, il décida que l’obsession du dieu était fort déplacée. Dans le but de contrôler le dieu, Śiva coupa la tête supérieure et décréta qu’il n’y aurait pas de lieu où il serait vénéré. En effet, seuls Viṣṇu ou ses avatars et Śiva continuent à être vénérés alors que Brahmā est quasiment ignoré et ne possède que quelques temples à lui, tels à Pushkar et à Pondichéry.
Depuis cet incident, Brahmā récite les quatre Veda en pénitence.

Je voudrais à présent revenir sur le concept de l’œuf d’or et finir par cette description de la création. Le mythe cosmogonique suivant nous vient des purāṇa पुराण.

« De toute éternité et antérieurement à tous les temps, existe un être spirituel, immense, infini, tout-puissant, existant par lui-même et cause première de tous les êtres.
On l’appelle Brahman ब्रह्मन्, et mieux, Parabrahman परब्रह्मन्, le Brahmā primitif et suprême. Aum est la première parole qu’il prononça et cette parole est son verbe, son premier-né, le résumé de la triade divine et l’origine de toutes choses. 
A une certaine époque, tout ce qui existe était plongé dans l’obscurité, imperceptible, dépourvu de tout attribut distinctif et semblait entièrement livré au sommeil.
C’était un véritable chaos. Cet état de choses était le résultat de la dissolution (pralaya प्रलय) d’un univers antérieur, car, de toute éternité, les créations et les destructions se succèdent périodiquement. Le dieu souverain résolut de faire émaner de sa substance les êtres mobiles et immobiles, et s’unissant à Māyā माया, l’illusion, commença son œuvre créatrice. 
Māyā est considérée, tantôt comme le désir et la volonté éternelle de Brahman, tantôt comme une vaine apparence. D’après cette dernière hypothèse, il résulterait que rien de ce qu’a produit l’être souverain n’a une existence réelle, et que tout ce que nous voyons n’est que l’effet d’un prestige, d’une illusion.( principes du Vedānta)
Māyā, douée des qualités de bonté, de passion et d’obscurité, mère de toutes choses, s’unit à l’être lumière Parabrahmnan, pour donner naissance à la Trimūrti त्रिमूर्ति,, c’est-à-dire aux trois formes ou trois aspects de la divinité, personnifiés en Brahmā ब्रह्मा, Viṣṇuविष्णु, Śivaशिव. 
Le premier est le principe créateur, le second le principe conservateur, et le troisième le principe destructeur, ou plutôt reproducteur, car il ne détruit que pour reproduire.
Le monde fut d’abord caché sous les eaux. Ces eaux étaient dans l’Ātman आत्मन्, l’âme universelle, le Parabrahman.
De tout temps, les eaux portèrent les germes du monde. Ces eaux sont sans rivages, tout ce qui existait était eau et l’eau et Aum n’était qu’un. Les eaux primitives sont la mer de Māyā.

Lorsque la Trimūrti et les trois guṇa गुण eurent été produites, du milieu de celles-ci tomba sur les eaux, une goutte, un germe. 
Ce germe devint un œuf brillant comme l’or, aussi éclatant que l’astre aux mille rayons. l’Être souverain y naquit lui-même sous la forme de Brahmā.
Sous cette forme il reçoit encore plusieurs autres noms : Nārāyaṇa नारायण, celui qui se meut sur les eaux ; Hiraṇyagarbha, sorti de la matrice d’or, l’œuf d’or ou Brahmanda ब्रह्माण्ड, (où Brahman signifie Cosmos et anda signifie Œuf).

Hiraṇyagarbha est le principe de toute production.

Il est lui-même la production première, le grand phénomène, mahābhūta महाभूत, dont le corps est cet univers visible. Sa bouche dévore toutes choses. Il a des têtes innombrables, des sens à l’infini, il est le grand trône, l’arbre de vie. Il est unique dans le monde et le monde est plein de lui. Cette substance originelle, assemblage des éléments subtils et à la fois de toutes les substances individuelles, est appelée par les sages, mahā-ātman महा आत्मन्, la grande âme, Satī, सती la vérité.
On le nomme aussi Mrityu मृत्यु la mort, parce qu’il détruit et absorbe en lui-même tout ce qu’il enfante. Assis sur le lotus où il venait de naître, Brahmā, promenait ses regards autour de lui et n’apercevait de ses quatre têtes que l’immense étendue des eaux, couvertes d’épaisses ténèbres. Saisi d’étonnement et ne pouvant concevoir le mystère de son origine, il demeura longtemps plongé dans la méditation Dhyāna ध्यान. Comme il désespérait de pouvoir résoudre ses doutes, une voix vint frapper son oreille et lui conseilla d’implorer l’Être souverain.
Brahmā obéit et lui apparut un homme à mille têtes. Il se prosterna aussitôt.

Satisfait de cet hommage, l’Être incréé dissipa les ténèbres et montra à Brahmā le spectacle de son essence où gisaient comme endormies, toutes les formes et toutes les vies des créatures, il lui donna le pouvoir de produire et de développer ces formes et ces existences. 

Après avoir demeuré dans la contemplation d’un si magnifique spectacle durant une de ses années, équivalant à trois milliards cent dix millions quatre cent mille années solaires, Hiraṇyagarbha se mit à l’œuvre.

Par sa seule pensée, il divisa l’œuf en deux parts, dont il forma Svarga स्वर्ग( svahr-loka), le ciel, et Pṛthvī पृथिवी, la terre (Bhu-loka).
Au milieu, il plaça AntarikŚa अन्तरिक्, l’atmosphère (Bhuvar-loka), c’est-à-dire l’espace compris entre le ciel et la terre. C’est ce qu’on appelle communément les trois mondes.
Dans cet intervalle, il distribua les huit régions célestes, qui comprennent les quatre points cardinaux et les quatre points intermédiaires, puis les sept Svarga (ou cieux) ou sphères étoilées, et les sept pātāla पाताल ou régions inférieures, lesquelles forment les quatorze mondes de purification ( les 14 loka).

Le premier de ces mondes, qui est au-dessus du ciel, fut fait du cerveau de Brahmā (Brahmā-loka ou Satya-loka) ; le second, de ses yeux ; le troisième, de sa bouche ; le quatrième, de son oreille gauche ; le cinquième, de son palais et de sa langue ; le sixième, de son cœur ; le septième, de son ventre ; le huitième, de ses parties sexuelles ; le neuvième, de sa cuisse gauche ; le dixième, de ses genoux ; le onzième, de son talon ; le douzième, des doigts de son pied droit ; le treizième, de la plante de son pied gauche ; le quatorzième, de l’air qui l’environnait.
De Para-ātman पर आत्मन्, l’âme suprême, il tira la conscience, le moi ou Ahaṃkāra ; le sentiment Manas, et l’intelligence Buddhi et tout ce qui est susceptible de recevoir les trois qualités de bonté (satva), de passion (rajas), et d’obscurité (tamas).
Il tira aussi les cinq Jñāna indriya ज्ञान इन्द्रिय (Tanmātra तन्मात्र)), les organes de la connaissance que sont les 5 sens (fonctions et organes respectifs) destinés à percevoir les objets extérieurs et qui sont : Gandha गन्ध ’(l’odorat), Rasa रस (le goût), Rūpa रूप (la vue), Sparśa स्पर्श ( le toucher), Śabda शब्द (l’ouïe).
Il tire aussi les cinq organes de l’action, les Karma indriya कर्म इन्द्रि य : pāyu पायु ( l’évacuation), Upasthani उपस्थानी (la reproduction), Pāda पाद ( la locomotion), Pāṇi पणि (la préhension), Vāk वाच् (la parole).
Il tira enfin les atomes constitutifs des cinq éléments, les cinq Tattva तत्त्व ((Pṛthivī, la terre, Āpas (l’eau), Agni (le feu), Vāyu (l’air) et Ākāśa (l’éther)), qui, unis et combinés, lui servirent à former tous les corps.
Il créa la lune, qui renferme l’eau vitale, source de toutes les eaux.
Il créa le soleil dont la lumière permet la création de toutes choses.
Aux côtés du soleil, il créa le jour et la nuit. Les étoiles sont sa figure, la terre et le ciel l’ouverture de sa bouche. 
Avec le soleil naquit le temps, Kāla काल. De toute éternité, le temps habitait déjà dans Parabrahman et ne connaissait pas de limites. Brahmā créa en outre les Veda, qui sortirent de ses quatre bouches avec la dévotion, la parole, la volupté. Il remplit tout ce vaste univers de dieux et de génies sans nombre, appelés Deva et Asura, et de mille autres noms, chargés d’en animer, d’en conduire et d’en gouverner toutes les parties.
Cependant la terre demeurait déserte. Brahmā résolut de la peupler.
A cet effet, il divisa son corps en deux parties, devint moitié mâle et moitié femelle et s’unissant à la partie femelle, il engendra Vîrâj विराज्, le brillant ; Aja अज, le non-né (celui qui s’engendre à partir de lui-même par une austère dévotion), Manu-Svayambhū स्वयम्भू, l’auto-engendré qui lui donna pour femme Śatarūpā, et, les bénissant tous deux, leur dit de se multiplier.
A son tour Manu-Svayambhū donna naissance à dix saints éminents, appelés mahaṛṣi ऋषि ou pradjapatis, seigneurs des créatures, lesquels mirent ensuite au jour sept autres ṛṣi, qui, chacun pendant leur période, produisirent et dirigèrent ce monde. Manu-Svayambhū, donc Brahmā lui-même, s’approcha de Śatarūpā et de ce contact naquirent les êtres humains : le premier homme, Ādimo ; la première femme, Prakṛti प्रकृति (la procréée)

Les deux époux prirent une autre figure. Śatarūpā शतरूप revêtit la forme d’une vache ; Prajāpati, Brahmā lui-même, devint un taureau et leurs fruits furent des vaches. Śatarūpā se changea en jument, Prajāpati en cheval, et là encore il la couvrit de son ardeur. Elle se changea en ânesse, lui en âne. Les chevaux et les ânes provinrent de ces deux unions successives. De la même manière, ils créèrent chaque couple d’animaux, jusqu’aux fourmis et aux moindres insectes ».

Il semblerait que cette vérité cosmique soit toujours d’actualité.

Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
« CosmogoniesVédiques » de Jean Varenne, aux Edt « Les Belles lettres »
« Les divinités Hindoues et leurs demeures » de Swami Harshananda aux Edts Dervy
 Adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya

Messages

  • Merci Jaya pour ce travail de recherche pour nous , on retrouve dans d’autres traditions l’analogie selon laquelle l’homme est à l’image de l’univers, une chose intéressante se trouve dans le Yantra de l’Homme cosmique (Puruschakara),un homme cosmique se tenant debout, mains sur les hanches avec un cercle au centre du corps qui est à rapprocher du Fravahr des Zoroastriens, si on regarde bien les bras repliés évoquent les ailes du Fravahr, le cercle central est aussi présent sur cette Homme idéal ,Homme éternel ,celui d’avant et d’aprés la ronde de ses vies, c’est aussi à rapprocher de l’Adam Kadmon qui, dans la tradition initiatique du Judaïsme, représente l’Homme parfait ,androgyne, celui d’avant la Chute...

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