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"Trou de ver"

Conférence du vendredi 2 avril 2021

La pensée humaine du XXI e siècle a fait des bonds vertigineux dans l’investigation de l’univers et les différentes voies scientifiques d’aujourd’hui, complexes, ouvertes, expérimentalement sophistiquées, ont élargi considérablement les perspectives de l’approche ancienne et intuitive du réel par l’homme.
Le chemin de cette connaissance reste toutefois encore long, voire infini.
Dans cette approche de la réalité, nous avons gagné en références et moyens techniques et perdu en instinct et intuition.
Certains auteurs actuels considèrent que l’observation scientifique ayant permis de dégager des lois fondamentales de cet univers relève des quatre derniers siècles, Descartes, Newton, etc.
C’est d’une part, considérer que les millénaires passés furent dans l’obscurantisme et les croyances et n’étaient que des tâtonnements nous amenant à la pensée contemporaine cartésienne. C’est déconsidérer les grandes traditions orientales, arabe, indienne, égyptienne, et leurs grandes découvertes en mathématique, en astronomie, mais aussi dans les autres domaines de la psyché humaine.
C’est d’autre part, surestimer nos compréhensions actuelles exposées à la fragilité de leur propre relativité du moment, tant ce qui est devant nous reste complexe à découvrir et à comprendre.

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L’état d’observateur a toujours fait partie de la nature humaine et les esprits éclairés des mondes antiques, de l’orient à l’occident, qu’ils furent ascètes contemplatifs, philosophes éclairés, visionnaires expérimentateurs, mathématiciens ou artistes inspirés, ont apporté les fondations incontournables aux sciences d’aujourd’hui. Les études de la lumière et de sa réflexion, celles des ombres, des miroirs, du son, des ondes ou bien encore celles de l’espace et du temps, de la vie et de la mort, de l’esprit et de la matière, de l’énergie et de la conscience, toutes ces études fondamentales ont eu leurs prémices dans les mythes, les illustrations poétiques, les rites, les approches spirituelles, religieuses, métaphysiques, les analyses philosophiques, les calculs astronomiques, les édifications architecturales, les arts, etc.

Dans ma tâche à toujours démontrer après tant d’années, la pertinence actuelle de l’ésotérisme de la science yoguique millénaire méconnue du grand public, je réaffirme la valeur de cette expérience mystique dans le contexte actuel. Cette science spirituelle est loin d’être désuète tant elle avait déjà compris en son temps le pouvoir de l’esprit sur le champ du réel et de la matière.

Les expérimentateurs des voies mystiques ont été parmi les premiers à pressentir, s’intéresser, s’interroger, comprendre, dévoiler des grandes lois de l’univers, réinvesties aujourd’hui par la recherche scientifique et l’esprit analytique moderne.
Leurs outils étaient différents. C’est par besoin d’élévation et de compréhension que l’homme a toujours cherché à comprendre. C’est là une attitude profondément spirituelle que de tendre vers ce qui est au-dessus, au-delà, inaccessible, inconnu, d’aller voir ailleurs.

Si la compréhension métaphysique de ce qui nous gouverne peut être une approche aussi valable que celle des algorithmes d’investigation du réel les plus sophistiqués d’aujourd’hui, elle nécessite que le mystique actuel soit en phase avec le monde contemporain. Dans ses propres expériences de transcendance et de conquête du réel, il se doit d’être entrainé à la pertinence analytique, à la compréhension des enjeux des connaissances actuelles tout en maintenant le savoir des enseignements ésotériques anciens dont certaines clés n’ont pas encore été exploitées par un grand nombre et qui contiennent les réponses aux questions du jour des scientifiques.

La transcendance spirituelle est un processus qui fait appel à des principes immuables en s’appuyant sur les outils que sont le corps, la matière, l’esprit, l’univers, l’énergie, la conscience. La connaissance de ces outils ayant évolué, le piège serait de s’isoler dans les seules conceptions passéistes de ces outils.

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Les concepts quantiques d’aujourd’hui, aussi sophistiqués soient-ils dans leur interprétation de la réalité, sujets qui nous préoccupent, n’en restent pas moins inaccessibles au commun des mortels.
Certains scientifiques offrent, à différents degrés, la vulgarisation de ces paradigmes pointus afin de les rendre intelligibles.
Il en est de même dans la passation du savoir initiatique et hermétique de certaines pratiques yoguiques. Tous les niveaux de vulgarisation s’y retrouvent, des plus grossiers aux plus subtils.

Science physique et science spirituelle doivent en principe se rendre intelligibles afin qu’elles profitent au plus grand nombre.
Nous observons cependant que ;
 les connaissances scientifiques sophistiquées actuelles restent l’apanage des chercheurs tout en donnant, et non systématiquement, des applications pratiques qui influencent les nouveaux comportements humains et la direction évolutive de l’humanité, qu’elle soit bonne ou mauvaise !
 les connaissances métaphysiques et spirituelles initiatiques restent l’apanage des sādhaka साधक (pratiquants spirituels établis) et sont re-visitées par la vulgarisation bonne ou mauvaise des pratiques donnant à la démarche spirituelle la quête conformiste d’un certain bien-être, alors que celui-ci n’est pas l’objectif essentiel de la science yoguique.

Est-ce que les conséquences de réflexion des premiers façonnent un monde de mal être justifiant la quête des seconds ?

Pour revenir au sujet d’étude auquel nous travaillons en méditation depuis quelques temps et qui porte sur la notion du temps lui-même dans notre réalité quotidienne, il est assurément difficile pour tout le monde de plonger dans les concepts des algorithmes quantiques vertigineux du moment tant le raisonnement logique qui le traite bouscule l’approche habituelle de ce dernier.

Cependant, en tenant compte de ces nouvelles directions, l’intuition spirituelle s’enrichit afin d’expérimenter dans les exercices méditatifs portant sur ce sujet, les voies proposées par l’intuition intellectuelle du scientifique.
Car c’est bien l’intuition que le scientifique utilise pour approfondir son analyse intellectuelle et prendre des bifurcations audacieuses théoriques.
En cela, la quête intellectuelle ressemble en partie à ce processus de transcendance, apportant la « jouissance intellectuelle » connue des grands esprits, des grands créatifs, des grands novateurs.

Est-ce qu’un yogi se doit d’être novateur ?
Un yogi contemporain n’a pas à réinventer le yoga et peu d’hommes d’ailleurs ont déjà fait le tour du yoga ésotérique millénaire.
Il lui faut surtout savoir faire le pont entre le savoir du passé et le savoir de demain.
Et oui, lui qui parle sans cesse de l’instant présent !

Oui, j’ai bien dit de demain. Il lui faut pressentir avec justesse, voir, connaître avec précision, ce que sera demain. Un vrai yogi, connecté à son âme, sait à l’avance ce que l’esprit ne sait pas encore. C’est un visionnaire qui sait anticiper l’évolution.
Si vous savez lire entre les lignes, replongez dans les écrits spirituels des dernières décennies, vous pourrez faire ce constat, à commencer par mes propres conférences.

Le yogi d’aujourd’hui se doit de comprendre les outils de son temps afin que le but ultime du yoga puisse se réaliser dans ce nouveau contexte ;

 corps plus performants ou plus pollués, intellects plus pertinents ou plus manipulés, égos plus élégants ou plus outrecuidants, cœurs plus confiants ou plus blasés, sexualités plus lâchées ou plus dénaturées, psychés plus libérées ou plus soumises.
 plus encore, il doit faire avec ce monde plus vaste ou plus saturé, ces énergies plus grandes ou plus dangereuses, ce savoir plus éclairé ou plus complexe, ces maladies mieux soignées ou nouvelles et incontrôlables, etc.

L’Ātman आत्मन् l’âme, quant à elle, est le seul outil de nature transcendée qui reste inchangé, immuable. Elle est le point d’orgue par lequel « l’homme yogi » prend le chemin exigeant pour atteindre le but élevé du yoga, quels que soient son époque et son lieu, une fois le contexte identifié.

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La dernière fois, nous avons fait des pratiques méditatives portant sur des voyages dans le temps où nous étions susceptibles de revenir avec des informations nouvelles pour enrichir notre présent. Présentés ainsi au néophyte, cela peut lui sembler relever soit de l’évidence, soit de l’imagination et de la spéculation, si réels voyages et réelles découvertes il y a. Toutefois, les pratiquants sont des méditants avancés assidus depuis de très longues années à mes côtés et ne sont pas sujets à l’illusion facile. Ils ont travaillé au discernement, Viveka विवेक, illustré par le symbole de Haṃsa हंस, le cygne blanc qui sépare lorsqu’il boit, l’eau du lait.
Ils deviennent d’ailleurs chaque jour un peu plus des Haṃsa.

La symbolique du discernement illustre de même la capacité du cygne à remonter le temps en permettant, à un système obtenu par le mélange de deux principes, eau et lait, la séparation et la reconstitution de ses parties initiales.
Haṃsa est bien l’oiseau qui va vers les régions où l’homme ordinaire ne peut aller. Associé aux cakra चक्र supérieurs et à leurs états modifiés de conscience, voire des états supra-conscients, on retrouve là, l’allusion à la transcendance du temps, le kāladarśana कालदर्शन, obtenu dans l’activation pranique d’Ājñā cakra आज्ञा चक्र.

Ces pratiques spirituelles citées précédemment s’appuient sur les fondamentaux yoguiques et la réflexion quantique. Les dernières fois, nous avons de même cherché intuitivement quelles pouvaient être les traces du passé et celles du futur dans notre vie présente. Pour l’homme ordinaire, il peut lui sembler impossible de déduire le présent à partir du futur et plus facile de reconstruire le passé à partir des traces du présent.

Or dans nos existences, nous vivons des évènements qui peuvent par observation rétroactive, relever de la double possibilité. Soit tel évènement arrive comme reliquat du passé, soit il est un signe du futur déjà présent, soit il relève à la fois les deux.
Lorsque nous revisitons notre passé, nous le faisons avec notre conscience du présent et ne revivons pas le passé avec la conscience que nous avions à l’époque.
Nous sommes bien des voyageurs dans le temps, la conscience permettant le voyage.

L’intérêt de faire un saut dans le temps est de le faire en gardant un niveau de conscience suffisamment éveillé pour en rapporter une expérience pertinente.
Faut-il encore considérer que notre conscience ait évolué et non rétrogradé en avançant vers le futur.
Nous devons relier ces expériences de sauts dans le futur ou dans le passé, non par la stratégie intellectuelle mais par le ressenti. Si notre démarche est seulement intellectuelle, soit nous sommes devenus trop intelligents dans le futur pour comprendre cette intelligence avec celle du présent, soit nous sommes trop intelligents dans le présent pour rapporter l’ignorance intacte du passé.
Pour qu’il y ait compréhension du vécu de ces sauts potentiels, ces derniers doivent être faits en utilisant pour véhicule l’âme dont les ressentis sont universels et intemporels, et non un cerveau référentiel et limité.

Voyager dans le passé revient-il à sauter dans un espace-temps présent simultanément à notre présent ou trouver un chemin pour le reconstituer instantanément ?

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En physique, on part du principe qu’on perd une partie de l’information d’un système lorsque celui-ci subit une dégradation ou un mélange. Il serait presque impossible de revenir en arrière et de le reconstituer intégralement à cause de la perte de cette information, mais s’il y a suffisamment de traces de ce qu’il a été malgré la désintégration, rien n’empêche de le reconstituer.
On n’a pas besoin de tous les morceaux d’un objet cassé pour comprendre sa forme initiale. C’est ainsi que les archéologues travaillent.
Mathématiquement, théoriquement, reconstituer cet objet en entier et intact serait possible, le reconstituer parfaitement en réalité semble impossible.
En ce qui concerne le passé, il nous faudrait donc une formule « magique » pour agir sur le réel et réanimer le passé dans la version originale, pour autant que le passé n’ait qu’une version, bien sûr !
Or, la pensée quantique ne dit pas cela ! A l’image du futur potentiel multiple, le passé pourrait l’être aussi. De plus, la perspective de la simultanéité du passé, du présent et du futur change totalement notre approche linéaire du temps.

La physique illustrait jusqu’à présent la notion du temps par le concept de la flèche du temps qui va dans le seul sens du passé vers le futur. A cette flèche est associée la notion d’entropie, à savoir la propension à toutes les formes de désintégrations, de dispersions, de mélanges. D’où cette difficulté à prévoir le futur.

Dans le sens du temps, selon ce concept de flèche, l’entropie, (voire le chaos) est toujours grandissante.
Retourner dans le passé nécessiterait un procédé de re-convergence des parties dispersées du système. Pour que ces parties re-convergent, il leur faudrait entretenir un lien qui leur permette de converger ensemble vers le passé pour reformer le système ordonné du départ.

Tout ce qui se ressemble s’assemble, nous dit P.Guillemant.

Qu’est-ce-à dire ?

Serait-ce une façon de reformer de l’ordre là ou le chaos est passé, là où le temps a dissout des systèmes organisés et ordonnés, eux-mêmes façonnés par cette même flèche du temps ? Cela pourrait nous entrainer à vouloir redonner vie à nos chers disparus, en inversant la loi de la cause et de l’effet. Pour cela, il faudrait découvrir la formule de la loi inverse qui crée la cause à partir de l’effet.

Là, j’avoue que toute la pensée indienne repose sur cette loi de la causalité et non sur sa réversibilité potentielle. Toutefois, quand je pense aux prouesses apparemment magiques des yogis indiens ou tibétains qui défiaient la logique spatio-temporelle (téléportations, visions, apparitions, réincarnations, etc.), il n’est pas impossible qu’ils se soient amusés à visiter des dimensions qui échappent à cette logique établie.
Il suffit de lire, entre autres, "Magiciens du Tibet" d’A.David Neel, « Autobiographie d’un yogi » de Yogananda, etc., pour s’en convaincre.

Tout ce qui se ressemble s’assemble !
Est-ce à dire que dans une relation fusionnelle, nous contrecarrons le chaos de deux parties séparées, de deux individualités isolées ?

Dans vos relations amoureuses, par exemple, reconnaissez-vous l’autre comme un élément d’un passé lointain que vous retrouvez ou comme un élément du futur déjà présent avec lequel vous allez construire ce même futur ?

Saurions-nous déjà en nous ce qui va se passer ?

L’état d’observateur aiguisé par les pratiques méditatives et appliqué à la vie quotidienne facilite la compréhension des messages du temps.

Dans une relation, la considération du point de vue de l’autre et l’écoute des ressentis respectifs permet d’optimiser les bonnes réponses à ces questions purement ésotériques.

De façon plus générale, c’est par la souplesse d’écoute et d’ouverture que nous permettons au futur ou au passé de se manifester à nous et nous apporter des réponses, soit dans la compréhension soit dans les choix à faire.
Il est temps de ne plus subir cette double hémorragie dont parle Bhagavān Rajneesh en oubliant le passé ou en le ressassant sans nouveau regard ou en subissant craintivement le néant d’un futur invisible.

C’est par nos intentions que nous pouvons, lorsque des indices d’un futur ou les leçons d’un passé se présentent, permettre à notre libre arbitre d’agir.
Qu’y a t il de caché dans nos intentions profondes et inconscientes face à l’existence qui nous amène à telle rencontre, tel événement, telle existence ?

Il est certes plus facile de revenir sur ses pas en terrain connu que d’aller vers une destination totalement inconnue d’avance dont nous n’avons aucun élément ni trace car ne sachant pas les lire.
Dans le premier cas, nous sommes conditionnés par le chemin, dans le deuxième nous sommes totalement libres.
Nous sommes surtout libres avec un libre arbitre apte à lire les indices de l’univers.

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Pour le yogi, la fusion espérée est celle de sa conscience individuelle avec la supra-conscience de l’absolu, du Brahman ब्रह्मन् védantique. C’est la voie abrupte des anciens mystiques où l’espace-temps est le terrain de jeu de leur transcendance, où l’état d’observateur attentif aux signes du réel leur permet tous les voyages possibles.
Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 « La route du temps » de Philippe Guillemant aux edts Trédaniel
 Adaptation et commentaire de Jaya Yogācārya

©centre Jaya de yoga Vedanta Ile de la Réunion

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