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« L’œil de la clairvoyance n°4 »

Conférence du vend 25 avril 2014 donnée par Jaya Yogacharya en cours de méditation


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Dans les enseignements précédents, nous avons abordé de façon technique et ésotérique, le sujet de l’Ajna chakra, dit l’œil de Shiva.
De même, je vous ai présenté d’un point de vue historique, les origines et la place que prend le Shivaïsme dans la tradition hindoue.

Je voudrais ce soir revenir sur les processus plus abordables et que nous pouvons considérer comme étant l’antichambre des techniques d’éveil du Trtiya Chaksu, à savoir le troisième œil. Je ne parlerai donc pas des nombreux mudras et trataks que nous pratiquons régulièrement en yoga.
Les processus dont je veux vous parler ce soir concernent plutôt le regard, la façon de regarder et de voir le monde en général.

Lorsque le mental est concentré sur le point inter-sourcilier, (point de jonction appelé le Triveni des nadis importants, Ida, Pingala et Sushumna nadis), une transformation de la conscience individuelle se fait par l’éveil de l’énergie.
La conscience s’élargit alors et il devient plus aisé de transcender la conscience égotique et individuelle. Les autres chakras sont étroitement liés à des réserves de karmas et de samskaras et ces derniers peuvent se manifester lors de l’activation de ces centres. Pour l’Ajna, c’est différent.
Ajna est le chakra du mental. Lorsqu’il est actif, l’intelligence subtile, lumineuse, la perception supérieure se manifestent. Iccha Shakti, la volonté, devient très puissante, et les résolutions mentales obtiennent le succès rapidement.

C’est dans le Shivaïsme du Kashmir, que les Siddhas, sages ayant les siddhis (les pouvoirs), pratiquent la science de Shiva-Shakti et s’appuient sur les Shiva sûtras, dans lesquels est abordée cette Iccha Shakti, cette volonté inaltérable.
A titre d’information, ces textes, composés de soixante-dix-sept sûtras, sont divisés en trois parties, à savoir :

 le Shâmbhava upâya, qui traite du grand pouvoir de l’Iccha Shakti,

 le Shâkta upâya, qui aborde la vision du monde selon la Shakti du sentiment,

 l’Ânava upâya, qui concerne l’individu et le renvoie aux nombreux supports de la sadhana, la pratique yoguique spirituelle.

A l’origine, les maîtres enseignaient ces sûtras à leurs disciples oralement et en secret. Plus tard, le sage Vasugupta les divulgua.
La voie des Siddhas, considérée en très haute estime par certains, est une voie parmi d’autres.
Dans le Shâmbhava upâya, la première partie, Iccha Shakti, l’énergie de la volonté, Jnana Shakti, l’énergie de la connaissance et Kriya Shakti, l’énergie de l’action, font parties intégrantes de l’absolu.
Le Soi étant pure conscience et notre véritable nature lui faisant écho, Iccha, Jnana et Kriya deviennent aussi nos attributs.

Par Iccha shakti, le seul pouvoir de la volonté, la félicité de l’état de Turya, peut être connue. L’état de Turya, je vous le rappelle, le 4e état, est l’état de réalisation de la vérité par la seule expérience de la Shakti, l’énergie. Voir le principe d’Adhyaropa.

L’énergie et la volonté sont donc les clés de l’éveil.

Un yogi ayant réalisé l’Iccha Shakti, fait l’expérience de l’unité pénétrante en lui et en tout ce qu’il perçoit. Il atteint le pouvoir de créer par sa seule volonté. Des pouvoirs surviennent. Son esprit est devenu libre par l’éveil obtenu, grâce à la volonté pure.
Alors, où que regarde le yogi, il ne voit que le jeu de la conscience.

Le monde n’est pas fait pour être une source d’angoisse et de servitude.
Le monde peut être un jardin dans lequel nous pouvons nous promener avec amour.
Mais la façon dont nous le voyons détermine cela. Or, dans l’univers, les choses arrivent, les choses partent. Tout cela est le jeu divin. Découvrir ce jeu divin et l’intégrer totalement est la nature de la vision spirituelle.
La connaissance de notre véritable nature est associée à la connaissance de l’absolu.
La connaissance est une nourriture.
Oublier sa nature véritable à cause de son égo provoque la souffrance. Ne pas comprendre le jeu cosmique, entretient cette souffrance.
Le connaître, enlève cette dernière.

Ajna est le centre de l’état de témoin, permettant de devenir l’observateur détaché des évènements extérieurs comme intérieurs. C’est la capacité de vision de ce qui EST dans chaque chose. C’est un centre de perception extra-sensorielle. C’est là, de-même, qu’existe le nœud de Shiva, le Rudra Granthi, celui des attachements aux pouvoirs acquis et qui empêchent la graduation spirituelle.

Des pratiques préalables à l’éveil d’Ajna peuvent être appliquées afin de développer cet état de vision intérieure. Elles commencent par le changement de notre vision extérieure.

Les yeux dans le corps ont une nature bien particulière .
Il sont d’une matière différente du reste de celui-ci. Non pas qu’ils soient moins physiques que le reste du corps, mais leur matière est tout à fait différente. C’est par eux d’ailleurs que nous voyons l’extérieur.
« C’est un peu comme s’ils étaient à la fois matériels et immatériels », nous dit Rajneesh.

Les yeux sont d’ailleurs très largement utilisés dans les pratiques yoguiques. La première raison vient du fait que dans le regard, l’être intérieur et profond vient à la surface.

Lorsque vous regardez quelqu’un, vous le pénétrez. La personne devient accessible par ce chemin-là. C’est d’ailleurs délicat de regarder quelqu’un dans les yeux, et si vous n’êtes pas centré dans votre propre regard, vous ne verrez que peu de choses chez l’autre.


Il nous faut donc nous établir dans nos propres globes oculaires.

Bien souvent, regarder quelqu’un peut être très impoli tant cette attitude sonde l’individualité de l’autre. Vous y entrez sans y avoir été invité.
Dans le regard amoureux, il n’y a pas de murs car il n’y a pas de secret. La fusion peut se faire par les yeux permettant d’accéder au-delà de la matière et de la corporalité.

Ainsi donc, tout ce qui fait partie de votre être peut être perçu dans vos yeux.

Le regard échappe bien souvent à la volonté chez le commun des mortels.
La nature des yeux est la fluidité, et ils bougent sans cesse selon une mécanique bien précise. L’IMO (intégration par le mouvement oculaire), la PNL, (programmation neurolinguistique) ont décrypté cela.
Les mouvements des globes oculaires traduisent vos mécanismes émotionnels ou mentaux. Vous appréciez un spectacle et vos pupilles se dilatent. Vous cherchez un souvenir et vos yeux vont chercher dans un coin ou un autre. Ces techniques sont issues là encore des connaissances yoguiques les plus anciennes.
Rajneesh, (qui était probablement selon moi, un Pitha-Kapha), avait un regard si particulier qu’il devait être difficile à ses disciples de le soutenir.
Son secret ?
La stabilité du regard.


Les yeux ont tendance à s’immobiliser lorsque vous ne rêvez pas, vous ne pensez pas, lorsque l’activité mentale se réduit.
Lorsque nous regardons passionnément ou avec grand intérêt quelque chose afin d’en prendre connaissance, nous pouvons déchiffrer les nombreux détails avec une dextérité visuelle et une grande intelligence. Il nous faut donc bien sur garder cette faculté de voir et savoir la développer dans l’action de cognition extérieure. Avoir l’œil du peintre par exemple, ou celui du chercheur.
Mais d’autres façons de regarder permettent d’accéder à d’autres processus de connaissance.

Elles utiliseront l’immobilité du regard.
Lorsque le mouvement des yeux s’immobilise, le processus de la vision, lui, continue.
Qu’arrive t-il alors ?
Les yeux ne pouvant plus balayer, la vision se propage à l’intérieur. C’est là, la magie du yoga. L’intériorisation du regard.
Cette intériorisation du regard obtenue par le retrait de la vision (unmani mudra) fait partie des techniques du Prathyahara(retrait des sens) que vous connaissez. Dans cette technique, le cerveau ne focalise plus à l’extérieur, et la vision extérieure est coupée au profit de la vision intérieure.
C’est la possibilité d’un voyage intérieur de grande concentration. Privant le mental de tout support imagé latent, l’unmani mudra favorise un état de grande acuité intérieure.

Mais une autre intériorisation du regard peut être obtenue en gardant la vision extérieure.

En immobilisant les mouvements oculaires, et en gardant la focalisation sur l’objet extérieur, la vision de cet objet devient plus intérieure à la conscience.
Lorsque vous rencontrez quelqu’un en général, vous le dévisagez et vous passez par ses pieds, son buste, ses épaules, ses mains, son visage, etc.
Mais regarder quelque chose comme un ensemble en ayant les yeux immobiles, et ne plus s’attarder sur les détails qui le composent, c’est appréhender l’objet extérieur comme un tout, un ensemble, une énergie, une présence.
Le fait d’être très centré et de ne pas diviser notre attention, permet de percevoir l’ensemble de ce qui est en face de nous.

Dans notre quête de la connaissance de l’absolu, nous pouvons pousser ce processus en essayant de ne plus voir la matière qui compose l’objet que nous regardons.
Nous ne percevons plus que la forme.
Maintenir les globes oculaires fixes et ne plus se soucier de la matière, permettra de percevoir ce qui EST.
Vous devenez conscient du SOI en vous qui regarde, de votre réalité profonde.

En regardant un objet extérieur naturellement, votre conscience sort et coule vers l’extérieur.
En restant centré et en immobilisant le regard, vous l’obligez à retourner à sa source. Vous devenez un pur témoin du monde et vous devenez enfin plus présent à vous-même.

Lorsque vous prenez conscience de l’absolu en vous, les objets du monde disparaissent, ou du moins votre attachement à eux se relativise.

A présent, devriez-vous me dire ; Quel est donc le lien du troisième œil et des deux yeux ?
Réponse :
L’énergie

Elle seule anime les trois. Les yeux appartiennent au sthula
sharira
, le corps physique, l’Ajna chakra appartient quant à lui au sukshma sharira, le corps subtil. voir la théorie des trois corps.

Si vous désirez, dans votre avancée spirituelle, activer l’Ajna chakra, vous le ferez bien sur par les techniques de yoga enseignées. Mais vous faciliterez son éveil en stimulant aussi l’énergie du regard et des états de conscience différents.
Lorsque l’énergie qui voit par les yeux sait se retirer de la perception superficielle des objets extérieurs, alors elle se dirige vers l’Ajna chakra.
Ce dernier est prêt à fonctionner.
Mais il lui faudra immanquablement, la force nécessaire de l’intériorisation, la connaissance spirituelle pour entrer en action. Il lui faudra une pratique et il lui faudra un guide.


Hari om Tat sat
Jaya Yogacharya

Bibliographie :

 « Les Secrets des Siddhas » de Swami Muktananda aux edts de La Maisnie.

 « Les secrets de Shiva » de Osho Rajneesh aux edts Le Voyage intérieur.

 « Kundalini Tantra » de Swami Satynanada Saraswati aux edts Swam.

 Commentaires et adaptation de Jaya Yogacharya.


Messages

  • Merci Jaya pour cette conférence si riche ! Comme les précédentes du reste ! Je l’ai lue plusieurs fois et j’ai toujours l’impression de la découvrir ou tout du moins d’apprendre à chaque lecture ..... Elle donne très envie de s’accrocher à la pratique, très envie de développer davantage sa concentration afin de VOIR ENFIN !

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