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Guide spirituel et aspirant

Conférence donnée par Jaya yogacharya en cours de méditation le 13/02/05




Il nous a paru important d’essayer de vous rapporter dans son ensemble la conférence de dimanche car nombreuses furent vos réactions émotionnelles et vos profondes réflexions après coup. Encore merci de votre fidélité et de votre gentillesse !


Le Guide et l’ Aspirant

 Depuis de nombreuses années, les professeurs de yoga que nous sommes partageons avec vous le chemin spirituel. C’est à nos yeux et à notre cœur quelque chose d’important, car nous avons ensemble de nombreux souvenirs. Des moments d’émotion, d’amour, d’élévation spirituelle, de partage, mais aussi parfois des moments plus difficiles ont également façonné une partie de notre passé commun.
Ce travail entrepris a bien sûr été partiellement déterminant pour notre vie présente et déterminera également une partie de nos comportements futurs.

Vous guider ne fut pas de tout repos, ce fut même parfois une lourde tâche si humble fut-elle.

L’humilité à vous servir a toujours été essentielle. Nous avons été pendant longtemps de simples intermédiaires entre un maître, Swamiji et les aspirants que vous êtes.

Mais quel est donc ce rôle que chacun de nous est censé jouer dans cette aventure ?

Pour un guide spirituel, son objectif est de permettre l’accès de la connaissance spirituelle à un plus grand nombre. Son vœu est donc que tous les êtres vivants atteignent la sagesse. Dans ce dessein, il doit appliquer l’humilité et la foi dans son action afin que même "les hommes incapables à voir la lumière", puissent recevoir un jour une bénédiction.

Dans la vie quotidienne, nous ne sommes pas que dans le flou artistique et l’incertitude.
Nous pouvons avoir des prises de conscience, des moments d’éveils plus ou moins importants, des intuitions, des actions justes, des regards justes, des pensées justes, de vrais instants de silence intérieur. La durée et la profondeur de ces moments peuvent cependant varier d’une personne à une autre. Le rôle d’un professeur, d’un guide spirituel, doit être d’éveiller en vous de tels moments. Son enseignement doit provoquer des déclics afin de vous rappeler à cet art du rassemblement. L’être éparpillé que vous êtes se recentre alors et progresse ainsi dans son évolution.

L’éveil spirituel vient lorsque le guide amène en vous la faculté de discerner, lorsqu’il réveille en vous ce qui est caché.

Viveka, la discrimination, est cette aptitude qui permet de discerner la lumière qui existe dans l’obscurité mais aussi l’obscurité qui existe dans la lumière nous dit un adage Zen.


Tout aspirant à la voie du Yoga et de la Méditation doit être instruit.

Il n’est nul besoin d’être instruit par le yogi le plus fameux du moment pour espérer devenir le plus grand des sages.

Ce qui déterminera le succès de votre démarche spirituelle, c’est votre Sadhana, c’est la qualité bien sûr de l’enseignement reçu mais aussi le courage que vous aurez à façonner le chemin que le guide vous invite à tracer.

Il est un comportement très occidental qui consiste à prétendre pourvoir évoluer sur le chemin spirituel sans guide, uniquement en lisant des livres.
Si vous êtes un génie du yoga, alors certes, il ne vous reste plus qu’à devenir un grand mystique et à vous faire connaître !

 Mais sinon qui va vous mettre au défi ?

 Qui va vous confronter ? Qui va mettre le doigt sur vos limitations ou votre ego ?

 Qui va défaire vos illusions ? Qui va vous porter en silence et panser vos blessures ?

 Qui va vous taper sur votre tête à grand bruit ?

Le chemin spirituel nécessite un engagement du cœur.

Beaucoup aspirent à la connaissance mais résistent à cet engagement.
Ainsi, vous allez suivre de nombreux cours, faire plusieurs écoles, plusieurs centres, suivre plusieurs techniques, plusieurs maîtres. Vous allez tester les professeurs, essayer de les mettre en défaut, et quand vous en avez choisi un, vous allez bien essayer de le mettre encore en faute. Vous allez surtout ne pas tout prendre de lui, vous arranger pour ne pas entendre ce qu’il dit, ne pas comprendre ce qu’il dit, lui mentir sans vous en rendre compte et même lui mentir consciemment. Vous allez même parfois ne pas le saluer à la fin d’un cours alors qu’il est en train de s’incliner devant vous.

Le doute est nécessaire au début d’une pratique afin de peser le pour et le contre, mais ne transformez jamais votre doute en fermeture.

Choisissez, pratiquez, et cessez de douter.

Le manque de confiance est parfois tel qu’il amène des comportements infantiles et incohérents. Cette incohérence montre là encore à quel point vous êtes sur la défensive et à quel point il n’y a pas d’harmonie entre votre cœur et votre tête. Votre cœur ressent quelque chose et votre tête pense autrement. Quant à votre bouche, ne dit-elle pas encore parfois quelque chose d’autre... Cela peut vous amener malgré vous à des actions blessantes pour autrui.

Une attitude ignorante consiste à ne voir dans le guide spirituel que l’exercice de ses qualités. La valeur intrinsèque d’un homme et la somme de ses connaissances sont les éléments qui doivent entrer en ligne de compte dans la poursuite de la perfection spirituelle.

Celui qui reproche par exemple à un Maître, un Yogi de se mettre en colère a une vision limitée de ce qu’est le yoga et la spiritualité.
Maheswari et moi-même Jaya, avons eu la chance de travailler avec Swami Vishnou Devananda au Canada, avec BKS Iyengar et auprès de notre maître Satchidananda Yogi en Inde. Tous étant de réputation internationale.
Nous avons assisté auprès de chacun des trois, à des colères qu’ils ont prises en public et qui resteront inoubliables.

Le disciple dont le jugement est restreint portera un jugement de valeur, mais ce jugement de valeur n’engage en fait que lui-même et son ego. Juger un guide spirituel sur ce qu’il boit, ce qu’il mange, ce qu’il fait sans voir la valeur de ses connaissances est une vue limitative de la fonction du guide.

Ce qui est dit là est fort provocateur et bon nombre de personnes vont s’empresser de dire ;
"Ah, vous voyez, faites ce que je dis et non pas ce que je fais ! "
Et elles auront raison en quelque sorte. Mais c’est un raisonnement bien simpliste car c’est attendre d’un guide une perfection que l’on prétend soi-même atteindre. Et là, la démarche est fausse.
L’on entend très souvent d’ailleurs ce type de raisonnement chez des personnes qui n’ont même jamais pour ainsi dire, mis le petit doigt dans un cheminement spirituel.

Il nous faut donc beaucoup de discernement. Un virtuose du violon n’a pas besoin d’être un Brahmachari (renonçant) pour vous enseigner les subtilités de l’art musical, un grand sportif n’a pas besoin de faire du yoga pour courir le 100 m.
Un Yogi n’a pas besoin de contrôler systématiquement sa colère pour vous apprendre la patience et le contrôle de soi. Il doit jouer son rôle de guide, c’est-à-dire être un faiseur d’actions qui vont déclencher en vous des réflexions. Dans votre long apprentissage d’aspirant, nombreuses seront les situations où votre discernement sera mis à l’épreuve et où votre ego sera en danger.
Ceux qui n’ont pas compris cela par le passé se sont écartés d’eux-mêmes, sont retournés à des mécanismes ordinaires et gardent en eux des contentieux émotionnels à la hauteur de leur ignorance.

La compréhension profonde de la transcendance des rouages psychiques n’est pas accessible à tout le monde.
Le but d’un guide n’est pas de vous aider à ne supprimer que les manifestations extérieures de votre colère ou de tout autre travers, mais de vous aider à déraciner le sentiment profond qui le fait naître. L’on peut mener depuis vingt ans une vie ascétique de moine et être tourmenté par les désirs ou les pensées les plus dévastateurs. Les forces refoulées dans les profondeurs de l’esprit sont loin d’y être inactives et le guide spirituel le sait. Il le sait pour lui-même et encore plus pour son élève. Alors le yogi va appendre en effet à maîtriser la colère ou tout autre tendance, c’est là son travail depuis de si longues années. Il va travailler à cela de sorte qu’avec le temps, il s’emporte de moins en moins, jusqu’à ne plus s’emporter que très lentement ou même s’en abstenir dans certaines situations.
Mais, jamais, il ne doit en devenir incapable, car cela deviendrait pour la voie spirituelle, une infirmité.

Les tibétains nous le disent :

Ce n’est pas être vertueux que de ne pas faire de mauvaises actions par le seul fait que l’on est inapte à les faire.

La manifestation apparente de la colère, en ce qui concerne un guide n’est en général qu’une réaction nécessaire pour marquer les limites du territoire spirituel et ramener l’élève à son travail.

Voici donc une petite histoire.

"Un jour, un honnête homme désireux de mener un chemin spirituel, s’en alla rendre visite à un Sannyasin de renom pour lui demander de devenir son disciple et d’être enseigné à la connaissance du Soi. Le Sannyasin, après l’avoir fixé pendant un long moment, lui dit :

 Savez-vous mentir ?

 Non, bien sur, répondit notre honnête interlocuteur, j’en serai incapable !

 Et bien allez l’appendre, lui dit le Maître. Quand vous en serez capable, revenez et nous verrons alors ce qu’il conviendra de vous enseigner touchant à la vie spirituelle. Et ceci n’est pas une plaisanterie."

Une histoire comme celle-ci doit en déranger plus d’un !
Vous noterez bien qu’il ne s’agit pas de vous apprendre à mentir pour appliquer ensuite le mensonge.

Tout simplement, l’incapacité est une débilité et non une vertu.

Si dans votre travail sur vous, vous ne songez qu’à mettre en place un mécanisme qui supprime ou qui diminue en apparence les manifestations extérieures de vos tendances, sans en détruire leurs racines profondes, alors cela sera très préjudiciable pour votre évolution spirituelle.
Toutes les forces existantes en vous doivent être considérées et orientées avec méthodologie. C’est là le bienfait des techniques. La réalisation spirituelle est l’état de l’extinction d’Avidya, l’ignorance.

Il n’y a rien à faire, il y a tout à défaire. Il ne s’agit pas de s’entourer d’une aura de bonne conscience pour devenir un être éclairé. Nul n’est besoin d’avoir l’air "pur" pour l’être.
Il nous faut travailler à déraciner nos attachements et nos justifications les plus profondes. Là est le vrai travail
.


L’orgueil, la connaissance livresque sans expérience, les illusions qu ’apportent des enseignements mal digérés, incorrectement reçus, maintiennent le chercheur dans l’erreur.
Vous, nous, élèves et professeurs, devons être très vigilants. Nous devons pratiquer l’humilité, savoir écouter avec sincérité, pureté, dans une attitude Sattvique.
Vous devez vous méfiez de vos illusions sur la race humaine.
En vous protégeant, servez là avec toute votre sensibilité. Mais que cette sensibilité ne vous enlise pas dans des émotions ordinaires. Et n’ayez pas avec vos guides ce type d’émotions. Ils sont différents de vous, non supérieurs à vous, mais différents, car leur engagement et leur service aux autres appellent de votre part une attitude juste et humble. C’est la meilleure des Sadhanas qui soit. Observez, écoutez, soyez sincère, et n’oubliez pas que nous sommes tous, même à des niveaux différents, de simples chercheurs spirituels.

Si un jour vous désirez atteindre l’éveil spirituel, avoir l’initiation d’un maître, il vous faut grandir intensément par l’écoute, le silence et développer vos facultés psychiques.
Un guide est là pour développer en vous des facultés qui vous mettront en contact direct avec des objets ou des expériences afin de percevoir leur véritable nature. C’est là la véritable connaissance.
Apprendre à voir la vie telle qu’elle est, et non, telle que vous voudriez qu’elle soit !

Le caractère psychique de la relation entre un guide et un aspirant est la base sur laquelle les énergies spirituelles seront transmises.

Soyez donc attentifs à cela.
Hari om tat sat
Jaya yogacharya



Messages

  • bonjour, hari om, j admire et j apprecie vos articles, Jaya, celui ci me touche particulierement : en tant que disciple de Swami Niranjan, je m efforce de mon mieux pour avancer sur la voie qu il éclaire pour nous, et je voudrais que d autres puissent connaitre ce bonheur incomparable immesurable et au dela des mots,

    le bonheur d avoir un Maître.

    le bonheur d’avoir enfin baissé la garde féroce et craintive de l ’égo, pour laisser entrer la lumière, la VRAIE lumière, celle apportée par le Maître...

    on se cramponne à notre égo de peur de tout perdre, de peur de souffrir ... alors que c’est tout le contraire , c’est de se cramponner à qui cause toutes nos souffrances ... une fois qu’on a lâché ........ c’est là qu’on peut recevoir ...

    ...............................

    écrit depuis alger sur un ordi de cyber café qui fonctionne moyennement , aussi merci d ’excuser les mauvaises frappes ......................

    merci pour vos articles éclairés, pour votre travail incessant , pour votre amour ;

    • On Namah Sivaya, Yogapushpa,

      Mille mercis pour votre gentillesse et votre fidélité.
      Je m’aperçois que vous êtes toujours de par le monde, mais qu’à présent vous avez le fil du yoga sur lequel marcher.
      On le dit de "rasoir", car il est si mince et si coupant, qu’il faut enfermer le prâna dans sa poitrine pour rendre le corps plus léger. La magie du yoga est bien là, dans cette quête permanente de l’équilibre entre le grossier et le subtil.
      Merci à vous de nous encourager dans ce labeur quotidien afin que "Tarka", le savoir coule de nous à vous et de vous à nous.
      Recevez toute notre amitié yoguique et notre humble bénédiction pour la continuité de votre tâche spirituelle.
      Recevez les silences parfumés des gens qui parlent bas.
      Om Shanti
      Jaya

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